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Saint Jean de Dieu : une maison de retraite à Marseille accueille les SDF âgés

Dans la maison de retraite Saint Jean de Dieu à Marseille (Bouches-du-Rhône), une unité de vie a été consacrée à l'accueil de vieux SDF. Même si la « misère semble moins pénible au soleil » comme disait la chanson d'Aznavour, elle n'en reste pas moins une triste et difficile réalité pour ces hommes de 60 ans qui en paraissent 80…

Issue de l'Ordre Hospitalier de St Jean de Dieu (fondé en 1495 par ce précurseur de la psychiatrie moderne qu'était Jean de Dieu), la maison de retraite éponyme a été créée en 1852. En 1999, elle s'est ouverte à quelques SDF.

Au départ, en lien avec l'accueil de nuit St Jean de Dieu qui reçoit 365 jours par an 250 SDF chaque nuit, et sept ans plus tard, grâce à une unité de vie qui leur est consacrée au sein même de cette maison de retraite unique en France.

Pour la plupart, ces résidents ont connu de longues années d'errance et paraissent souvent beaucoup plus que leur âge. A 60 ans, ils en font 80… L'esprit et le corps sont usés par l'alcool (3 à 4 litres de vin par jour pour certains) et le tabac, sorte de « couple maudit » qui les aide à tenir le coup et à faire la manche, la tête haute.

A ce jour, Saint Jean de Dieu (établissement d'origine congréganiste employant des personnels laïcs) accueille 34 personnes : 2 femmes et 32 hommes, que les assistantes sociales de quartier ont repéré dans la rue. Ou que les hôpitaux psychiatriques et hôpitaux généraux ont signalé.

Ces gens ne se sentent « pas comme tout le monde », ont du mal à communiquer entre eux ou avec les autres pensionnaires, parfois plus âgés qu'eux mais moins blessés par la vie. L'ensemble de la maison de retraite Saint Jean de Dieu compte 245 lits, tous habilités à recevoir l'aide sociale.

Les moyens mis en œuvre par Olivier Quenette -membre de la Fédération nationale des Associations de Directeurs d'Etablissements et services pour Personnes âgées (FNADEPA) des Bouches du Rhône -et directeur de cette institution devenue EHPAD le 1er septembre 2006- sont à la hauteur d'un enjeu majeur : la resocialisation de ces baroudeurs du trottoir.

Une équipe de professionnels pluridisciplinaires a été mise en place grâce à la convention tripartite : médecin coordonnateur, psychologue, deux auxiliaires de vie, deux aides soignants, deux moniteurs éducateurs, art thérapeute, animateurs… agissent de concert. En premier lieu, afin de restaurer la santé physique et psychique de ces personnes abîmées par la vie. A chacun une prise en charge spécifique est réservée, à commencer pour « tous ceux qui ont goûté le sirop de la rue ».

Recréer du lien affectif avec des familles perdues de vue, parfois depuis 20 ou 30 ans ne vient qu'après ; et les réussites sont en demi-teinte. Il y a des fugues, puis des retours ou des départs annoncés, comme celui de cette femme sortie d'un container, mordue par un rat mais qui ne parvient pas à s'adapter à sa nouvelle vie.

Ce modèle d'accueil de SDF âgés pourrait se reproduire ailleurs en France, selon l'énergie des porteurs d'un tel projet de vie communautaire. Olivier Quenette avertit toutefois qu'ici « le projet d'établissement se fonde sur une prise en charge sectorisée liée au profil des résidents : parcours de vie et pathologies ».

Géronto-psychiatrie, maladies neuro-dégénératives, personnes âgées valides, une douzaine de religieux encore présents et d'anciens SDF ne constituent pas un simple inventaire à la Prévert mais un tissu humain d'une grande fragilité, où « l'amalgame entre ces différentes populations n'est pas souhaitable » souligne Olivier Quenette.


Source : Fnadepa

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