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Le Médou, un centre de soins dont l’architecture est adaptée aux patients

De nouvelles structures d'accueil tiennent compte des troubles des malades atteints d'Alzheimer. Architecture, thérapies sensorielles... Reportage dans une petite unité de l'Aube où tout a été pensé pour le patient.

L'histoire a marqué tout le personnel de La Roseraie, une maison de retraite située à Bréviandes dans l'Aube. Il y a quelques années, un retraité atteint de la maladie d'Alzheimer a pris la clé des champs, seul, sous la pluie. Les policiers l'ont retrouvé à la tombée de la nuit, errant devant l'usine de bonneterie où il avait oeuvré toute sa vie. Une usine abandonnée, fermée depuis des années comme nombre d'autres dans la région auboise. C'est à la suite de telles mésaventures que la directrice de La Roseraie, Marlène Piubello, a lancé une réflexion sur la construction d'une unité d'accueil mieux adaptée aux personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, coutumières de ces escapades. La réponse ? Une maison ouverte, tout en baies vitrées, où les résidents passent librement de leur chambre au jardin, sans se sentir entravés dans leurs mouvements.

Inauguré il y a un an, le Médou a reçu un premier prix d'architecture lors du salon Géront-Handicap expo en mai dernier. Dans cette structure de la Fédération des établissements hospitaliers et d'assistance privés à but non lucratif, « tout a été pensé pour le bien-être du résident », souligne son architecte, Daniel Régnault. Ce dernier, ayant lui-même une mère atteinte de cette maladie, a travaillé main dans la main avec les médecins.

Au Médou, les résidents jouissent de la plus grande liberté de mouvement possible. Une liberté « surveillée », mais une liberté tout de même, qui permet de limiter les crises d'angoisses générées par la sensation d'enfermement. Afin d'éviter que les patients se perdent dans la commune, le personnel soignant est alerté de leurs allées et venues par un système de domotique.

« Ses traits se sont décrispés »

Dans une salle de contrôle, un voyant rouge correspondant à chaque chambre s'allume dès qu'une porte-fenêtre est ouverte. Les malades vont et viennent à leur gré dans le jardin et s'ils se dirigent vers la sortie, une infirmière les accompagne dans leur promenade. Certains, comme Gérard (1), 61 ans, saisis par une frénésie de la marche, passent leur journée à faire les cent pas. « À son arrivée, il y a six mois, il ne croisait le regard de personne. Aujourd'hui, il nous dit bonjour et ses traits se sont décrispés », se réjouit Chrystel, la jeune infirmière responsable de l'unité. D'autres, à l'inverse, sombrent inexorablement dans un état léthargique. Ainsi, Ariane, ancien chef d'entreprise de 70 ans, au carré impeccable, pourrait rester prostrée toute la journée sur sa chaise, le regard vide, sans les stimulations du personnel soignant.

« Les malades doivent rencontrer le moins d'obstacles possibles sur leur chemin », préconise la directrice. Le bâtiment est donc organisé simplement : une immense pièce à vivre centrale - « de forme foetale » selon l'architecte - autour de laquelle s'articulent deux grands couloirs qui distribuent les chambres. « Nous faisons tout pour qu'ils se sentent entourés, renchérit la directrice. Je crois aux bénéfices des petites unités, plus calmes. » Le Médou ne compte donc que quinze lits. Sept malades supplémentaires y sont par ailleurs reçus en accueil de jour. Des espaces de rencontre pour les proches, comme la brasserie ou le bar, ont également été intégrés dans la salle principale. « Si les familles qui viennent voir leur proche ne s'approprient pas les lieux, le patient ne s'y sentira pas à l'aise », rappelle Marlène Piubello. La luminothérapie permet également d'améliorer le moral des résidents qui souffrent généralement de dépression. La pièce centrale a donc été équipée de grandes lampes diffusant une lumière très proche du rayonnement naturel.

Si ces aménagements peuvent améliorer le quotidien des résidents, il s'agit avant tout de les stimuler pour éviter qu'ils ne disparaissent entièrement dans leur monde intérieur. Ergothérapie pour retrouver les gestes du quotidien, sorties à l'extérieur, parcours de motricité et activités cognitives s'enchaînent donc au fil de la journée. Les résidents y participent avec plus ou moins de régularité et de succès. « On est trop vieilles pour faire de la gym », rechigne par exemple Renée, lors de la séance de tai-chi. Mais même les plus atteints plébiscitent la balnéothérapie et les massages sensoriels. Selon leur infirmière référente, « ils désinvestissent peu à peu leur corps et c'est le moyen le plus efficace de leur redonner une image d'eux-mêmes ». La seule amélioration pour l'instant possible en attente de la création d'un véritable traitement médical.


Source : www.lefigaro.fr

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